Eglise Saint Sulpice de Rou

Eglise SAINT-SULPICE de ROU (10e – 11e -13e)

Rou : Ruu à l’origine, Rol et Rool (1087), Ru (1100), Rou (1283), Roux (1848).
Classée I.S.M.H. (16 juillet 1968) - Dédiée à St.Sulpice, évêque de Bourges (+ 644).

Origine de l’édifice

  • Première mention en tant qu’église en 980. Construction en trois époques.
  • A l’origine, bâtiment laïc appartenant aux seigneurs (et qui n’était sans doute pas destiné à être église à sa construction), devenu bien d’église dans la première moitié du 11e et propriété de l’abbaye de Saint-Florent, moitié par donation, moitié par achat - Propriété aux religieux confirmée par Ulger, évêque d’Angers vers 1140.
  • Datations les plus probables : Nef du 9e ou 10 s. - Choeur du 11e s. - Clocher du 13e s.

◊ Nef du 11e (selon Célestin Port) - Chœur fin 12e (selon Jacques Mallet) mais la baie géminée du chevet est typiquement romane.
Datation délicate en l’absence de documents formels : effets de mode possibles mais moyens financiers limités en milieu rural et usage de matériaux locaux, d’où forte persistance de la tradition architecturale et des techniques de construction.
Adjonction du chœur à chevet plat très légèrement déporté vers le Sud pour réorienter l’édifice : Célestin Port parle d’« une inclinaison symbolique du chevet ».

Reconstruction au 13e s. du pignon occidental avec portail gothique, baie ogivale en arc brisé très surhaussé (un peu dans le style du gothique à lancettes anglais) et, très probablement adjonction du clocher (les clochers d’église n’apparaissant qu’au 11e siècle, les plus simples étant des clochers-mur ou des clochers-peigne).

Édifice maintes fois remanié mais souvent avec des reprises grossières.

  • Style : style roman sur un plan rectangulaire brisé à nef unique.
  • Type de construction

● Nef en petit appareillage régulier mais peu harpé de type carolingien (appareillage largement en usage au 9e s.). L’origine de l’édifice étant connue par un texte, cela rend probable une construction plus tardive que le 9e siècle sans toutefois être postérieure au 10e siècle.
● Chœur et Clocher en moellons réglés de moyen appareil (marque d’une construction plus tardive).

  • Clocher-mur : gâble couvrant deux baies jumelles avec cloches (1921) remplaçant l’unique ancienne cloche qui, « depuis plus de 35 ans n’exprimait plus qu’un râle à peine audible des paroissiens ».

● Cloches actuelles fondues en 1920 (Fonderie G. & L BOLLÉE à Orléans) : fruit d’une souscription initiée et réalisée par Mme. Fricotelle.
Sommes complétées pour réaliser deux cloches, bénies en 1920 (selon l’inscription portée sur les cloches) mais baptisées le lundi de Pâques 1921 (le 28 mars) en présence de l’évêque d’Angers et de son grand vicaire, Mgr Baudriller, et du député de Grandmaison.
Marie-France (grande cloche) : 143,8 kg - 625 mm – Note : MI b (606 Hz)
« J’ai été bénie en 1920, Mr l’abbé MENARD étant curé de ROUX-MARSON »
« J’ai eu pour parrain Mr Henri FRICOTELLE et pour marraine Mme Marie FRICOTELLE son épouse »
Marie-Madelon (petite cloche) : 101,7 kg - 555 mm – Note : FA 4 (691 Hz)
« J’ai été bénie en 1920, Mr l’abbé MENARD étant curé de ROUX-MARSON »
« J’ai eu pour parrain Mr Robert SEBILLE et pour marraine Mme Marie MOTIER »
Si l’on considère la date, on peut s’interroger sur le choix du nom des cloches.

● Projet de clocher carré (19e) - Ensemble de style néo-roman de 4m x 4m adossé au pignon occidental surmontant ce qui devait être un narthex.
Portail au Nord de ce narthex. Hauteur 15m. (= hauteur clocher actuel) et flèche de 12 m soit une élévation totale de 27 m. Ce projet, ni daté ni signé, est très probablement l’œuvre de Charles Joly-Leterme, architecte diocésain.

  • Portail ogival 13e surmonté d’un vitrail (seconde moitié 19e, don du curé Corbineau) dédié à Saint Charles Borromé archevêque de Milan et martyr (1538-1584), neveu de Pie IV, archevêque de Milan à 22 ans (soignait lui-même les malades lors de la grande peste de Milan en 1576), apôtre de la charité. Fondateur de la congrégation des Oblats en 1581.
  • Nef
    • au Nord, trois très petites fenêtres de plein cintre (datant de l’origine du bâtiment) avec vitraux colorés 19e.
    • au Sud, trois fenêtres également : deux identiques aux fenêtres Nord et une grande fenêtre ogivale 13e (créée par agrandissement de la fenêtre existante) mais sans remplage.
    • Chemin de Croix de 1874 : réplique courante d’origine italienne (sans valeur archéologique).
    • Façade nord : traces de constructions adossées servant de dépendances démantelées en 1957. Épaulements du clocher cimentés à cette époque.
    • Façade sud : ajout d’une sacristie au 18e et supprimée dans les années 50 (1957 ?).
    • Sacristie actuelle au nord-est du chœur (pourrait dater de la première moitié du 19e).
    A l’extrémité, côté nord, s’élevait une ciergerie (détruite).
  • Chœur
    • A l’entrée du chœur, tombe servant de marche du curé Samson (+ 1663).
    • Grand autel (1751), un semblable à l’église Sainte-Croix de Marson (1765).
    • Chevet : grande baie romane géminée avec un curieux remplage quadrilobé comme un quatre feuille mais incliné à 45° dans un cadre presque qu’ovale, avec deux vitraux historiés (fin 19e - don de Mme Baillou de la Brosse). Celui de gauche représente l’adoration des trois rois mages symbolisant l’Épiphanie.
    • Fenêtres Sud : vitrail de saint Pierre et vitrail de saint Louis (nom des donateurs inscrit).
    • Statues : fin 19e –déb. 20e (sans valeur archéologique). Près de la chaire, statue de saint Sulpice.
    • Chapelle de la Vierge encastrée dans le mur bouchant une ancienne porte romane, avec statue de la Vierge. A gauche, sur le mur, un Christ en croix en bois.
    • Autrefois quatre statues en bois du 15e ou 16e - époque de disparition inconnue.
  • Charpentes de la nef et du chœur : de facture très rudimentaire, elles ne semblent pas de la même époque mais peuvent dater de la construction de ces deux parties. La toiture devait être à deux niveaux et a du être rabaissée à une date inconnue (pignon Est plus haut que le faîtage
    de la toiture).
  • Cure (Presbytère) – Elle daterait de 1786 selon un acte notarié de 1822 (Alexandre Rousseau, notaire aux Ulmes) précisant que « la maisonsus ditte, servant anciennement de presbytaire, … consistait dans un logement de maître, bâti depuis environ trente six ans,… ». Vendue à la Révolution comme bien national puis rachetée aux héritiers par la commune en 1823 « pour y loger le desservant ».
  • Bref historique
    Au 16e, il y avait à Rou un curé, un vicaire et un chapelain de Saint Gilles. Chapelle de Saint Gilles fondée en 1533 par Jean Deloppitau, prêtre. A cette époque, six prêtres sur le territoire actuel de Rou-Marson. Au 19e siècle, un seul prêtre pour desservir les paroisses de Rou et de Riou-Marson. Presbytère de Rou vacant de 1818 à 1824, service de la paroisse assuré par le curé de Distré. En 1856, la vacance dura plusieurs mois jusqu’à l’arrivée du curé Corbineau (+1877), resté très présent dans la mémoire collective. L’église a été érigée en succursale le 26 décembre 1804.
  • Travaux récents

• Réfection de la toiture et creusement d’un fossé le long de la façade nord pour éviter les remontées d’humidité dans les murs (1978).
• Nettoyage murs intérieurs et réalisation d’un dallage devant le portail (1978-1979).
• Restauration et réparation des vitraux (1981 et 1987).
• Élargissement du chemin d’accès et dallage du parvis, agrandi par adjonction d’une banquette (1993).
• Réfection de la toiture la sacristie (été 1994).
• Aménagement de la place et de ses abords (2000-2001).
• Restauration complète de la façade ouest et reconstruction du clocher (printemps 2006).


Voir à proximité
● Château (1865 - ISMH), réplique du château d’Azay-le-Rideau, construit sur les bases de l’ancien château médiéval.
Dans le parc, remarquable piscine de plein air de style "Arts Déco" (1932 – ISMH - Mosaïste, Isidore Odorico).
● Église Sainte-Croix (12e – ISMH) au village de MARSON.


Réalisation : « Patrimoine Environnement Botanique »
Association de sauvegarde du patrimoine de Rou-Marson – rév 2017