La statue de Notre Dame de Nantilly

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L’église Notre-Dame de Nantilly est la plus ancienne et sans doute la plus belle des églises de Saumur. L’édifice actuel date dans sa majeure partie de la première moitié du 12e siècle. C’était au temps où Robert d’Arbrissel fondait l’abbaye de Fontevraud. Saumur était alors une bourgade baignée par la Loire, lovée au pied de son coteau et entourée de fortifications.
L’origine du nom « Nantilly » est incertaine. Une tradition ancienne raconte qu’une statue de la Vierge aurait été découverte dans un champ de lentilles à proximité, d’où le nom de « lentilly » devenu Nantilly… En partant d’une série d’hypothèses plus vraisemblables, l’on peut dire en simplifiant que ce nom était celui d’une villa gallo-romaine, nommée « Lentiniacus », devenu « Lentinius » puis « Lentilius », donnant enfin vers le 16e siècle « Nantillé » puis le « Nantilly » contemporain. Ce qui est certain, c’est qu’une bulle papale, rédigée en latin dans la première moitié du 11e siècle, plaça sous la protection du pape Jean XVIII des biens appartenant à l’abbaye de Saint-Florent qui comprenaient « le domaine de Lentigny avec son église dédiée à sainte Marie ».

La statue de Notre Dame de Nantilly

Cette statue (haute de 95cm) date sans doute de la fin du 12e siècle et elle a connu une forte restauration entreprise à la fin du 19e. Elle était alors présentée revêtue d’un épais manteau.
La Vierge présente l’attitude hiératique, c’est à dire figée et majestueuse, des statues du Haut Moyen Âge et peut être rapprochée des Vierges auvergnates.
L’Enfant Jésus est placé en position centrale et non porté sur un genou : Marie nous présente son fils. C’est d’abord un Dieu bénissant à deux doigts levés, mais sa main gauche esquisse un geste qui annonce le naturel des statues du 13e siècle. Il semble tenir une pomme de pin, symbole de permanence et d’éternité. …

L’histoire des "déménagements" de la statue

  • Jusqu’au 18e siècle la statue était disposée en haut de la grille qui séparait la nef romane du transept et elle faisait face aux fidèles et aux pèlerins présents dans la nef.
  • Vraisemblablement, elle fut cachée pendant la période révolutionnaire et elle réapparut sans que l’on sache d’où.
  • depuis le début du 19e siècle jusqu’en 1886 elle fut placée dans une cavité creusée sous l’autel (démonté depuis) de l’absidiole sud où elle était en partie cachée aux regards par une grille.
  • C’est alors qu’elle subit une importante restauration dont nous ne connaissons ni l’étendue précise ni le nom de l’exécutant. Il est vraisemblable que l’Enfant Jésus actuel soit une copie alors effectuée ; son corps semble mal adapté aux bras de sa mère.
    Dans le « trésor » conservé dans la paroisse figure un enfant en bois (qui fait partie des « objets classés »), à peu près semblable mais très abimé qui pourrait bien être l’original…
    La couronne de la Vierge, ses doigts ainsi que les parties arrières de la statue (creuse), ont manifestement été alors rajoutées. On ne sait pas non plus si les couleurs actuelles ont bien été retrouvées sous des badigeons postérieurs.
  • De la fin du 19e siècle jusque vers 2002 la statue a été exposée dans l’absidiole sud.
  • Une photo prise dans la nef datée de mai 1888 la montrait placée dans la croisée du transept, au-dessus du tabernacle de l’autel, sans doute à l’occasion d’une fête mariale…
    Les autels accolés au fond de chacune des absidioles avaient été démontés en 1968. Dans l’absidiole de droite, un socle en pierre avait alors été fixé sur le mur du fond pour recevoir un tabernacle en cuivre et jusqu’en 2003 la Vierge était juchée sur une colonne en bois.
    - En 2003 elle a été transportée dans l’absidiole nord (dans le transept gauche) et placée sur un socle en tuffeau de style gothique sculpté par les Compagnons du Devoir.
  • Fin 2017, le projet de ramener la statue de la Vierge dans l’absidiole sud, juchée sur une haute colonne en pierre, a été mis à exécution dans les jours qui ont précédé Noël. Elle y a retrouvé une absidiole romane éclairée par des vitraux représentant une « Nativité », une « Crucifixion » et un « Couronnement de Marie ». Elle se trouve également à proximité de la verrière du transept sud qui représente l’Assomption de Marie
Pendant des siècles, et jusqu’à nos jours, des milliers de croyants sont venus et viennent prier devant cette représentation de la Vierge et de l’Enfant Jésus qu’elle porte sur ses genoux.